En juin dernier, le Président tchadien Idriss Débyt Itno, également Président en fonction de l’Union Africaine a fait le constat de la montée en puissance du groupe terroriste « Boko Haram » depuis des années et tout particulièrement depuis l’assassinat de Mouammar Kadhafi, début de la période d’instabilité que connaît toute la région du Sud Sahara et du Lac Tchad.
Le Président tchadien, Idriss Déby est revenu au micro de la chaîne d’information occidentale Euronews sur l’ampleur de la menace Boko Haram qui, jusqu’en 2013, ne sévissait qu’au Nigeria. A présent, elle a commencé par étendre ses actions au-delà, en particulier au Cameroun et au Niger. Et Boko Haram a fini par s’attaquer au Tchad. Pour M. Deby, il s’agit d’une organisation extrêmement dangereuse, qui a eu le temps de s’organiser, de recruter des jeunes qui n’ont pas de travail.
» Elle a aussi des liens très étroits avec Daech et avec AQMI. Boko Haram a décidé d’asphyxier le Tchad en coupant l’axe unique qui nous rattachait au port de Douala, au Cameroun, menaçant ainsi nos intérêts vitaux. C’est un danger potentiel pour toute la sous-région « , a déclaré Idriss Déby.
Il affirme qu’aucun des pays faisant face à, Boko Haram ne s’en sortirait seul face à cette nébuleuse et qu’il est nécessaire de mettre en commun les moyens en ayant foi de parvenir à réduire sa nuisance. M. Déby est clair. L’action militaire engagée contre Boko Haram a pour but de la détruire par tous les moyens.
Le Président tchadien dont l’armée a participé en 2013 à l’Opération Serval au Mali et en 2014 à l’Opération Barkhane au Sahel, contre les groupes intégristes, ne juge pas nécessaire une implication plus poussée de la part de l’Europe et des Etats-Unis.
» Je crois qu’il faut bien comprendre que cela fait 60 ans – depuis pratiquement les indépendances des pays africains – que nous devrions être capables de nous prendre en charge, de gérer nos crises et de faire face à des mouvements terroristes, en unissant nos efforts, les efforts africains « , a affirmé Idriss Déby
L’action régionale engagée depuis quelques mois déjà a cassé la puissance militaire de Boko Haram et l’état-major du groupe est désorganisé.
« Boko Haram n’est pas, comme on le dit, une organisation locale au niveau de l’Afrique, au niveau du Nigeria, mais une organisation qui a des liens avec d’autres organisations terroristes de par le monde, en particulier l’EI. Voilà son visage réel. Il faut se demander qui est derrière Boko Haram… « , indique le chef de l’Etat tchadien.
A ce jour, il y a peu d’informations sur le nombre de combattants de Boko Haram et sur ses sources de financement même si on sait que le groupe obtient de l’argent via les kidnappings et les vols. Le groupe est également soutenu et a reçu du matériel, y compris du matériel blindé sur le terrain. Mais il est difficile de connaître ses soutiens. En ce qui concerne un financement extérieur de la secte islamiste, Idriss Déby ne doute pas un seul instant et avance sa qualité de ses matériels, l’organisation de sa stratégie.
« On ne fabrique pas de blindés au Nigeria, on ne fabrique pas d’armes. Donc, tout ça n’est pas tombé du ciel « , a-t-il fait remarquer.
En 2011, quand l’Occident et l’Otan ont déclenché leurs opérations militaires en Libye. Le Président tchadien assure qu’aucune précaution n’avait été prise pour gérer l’après-Kadhafi de telle sorte que les armes ne sortent pas de la Libye.
« Or, ce pays était super équipé du point de vue militaire, super armé. Donc, depuis l’assassinat de Kadhafi, nous sommes sur le pied de guerre, au Nord comme à nos autres frontières. Les armes circulent en Libye, Daech s’y développe. Il y a réellement une menace physique sur les pays africains au sud du Sahara », a-t-il dit.
Idriss Déby estime qu’il est temps que les musulmans s’organisent pour faire face à ces organisations terroristes qui n’ont rien de musulmane.